Bigorexie ou addiction au sport et à la musculation
Auteur : Bruno Chauzi
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L'addiction au sport et à la musculation, communément appelée bigorexie, peut toucher aussi bien les sportifs de haut niveau que les amateurs.
Ce trouble psychique est souvent accompagné d'une angoisse de dysmorphophobie ou peur d'une dysmorphie corporelle.
La pratique excessive du sport est considérée comme une forme d'addiction sans drogue, qui commence par des excès, la recherche de sensations de plaisirs et de désinhibition à travers la pratique sportive.
Cette quête peut aboutir à l'installation d'un besoin irrépressible et, dans certains cas, des signes de sevrage. Le sportif dépendant s'installe alors dans une situation routinière, pratiquant un geste répétitif sans satisfaction immédiate, afin d'obtenir une augmentation de l'estime de soi à travers une multitude d'effets physiques et psychiques.
L'addiction positive : un concept créé en 1976
William Glasser, après avoir étudié les marathoniens et découvert une poursuite de l'activité physique malgré un état de fatigue et de routine, a créé en 1976 le concept d'addiction positive.
Ce concept mettait en opposition une dépendance à combattre mais ayant aussi des conséquences bénéfiques et visibles immédiatement avec les addictions dites négatives, comme les toxicomanies ou l'alcoolisme.
Quels sont les signes de la bigorexie ?
La bigorexie est un trouble psychique complexe qui peut se manifester de différentes manières.
Voici quelques signes avant-coureurs qui peuvent vous aider à identifier si vous ou un de vos proches êtes en train de développer une addiction au sport :
- Vous passez beaucoup de temps à la salle de musculation: Si vous passez plus de deux heures par jour à la salle de sport, vous pourriez être en train de développer une addiction au sport. La bigorexie pousse les personnes à s'entraîner de manière excessive, à se pousser au-delà de leurs limites physiques et à se sentir coupables si elles ne s'entraînent pas assez.
- Vous avez un régime alimentaire strict: Les personnes atteintes de bigorexie ont souvent un régime alimentaire très strict. Elles limitent drastiquement leur consommation de graisses et de sucres. Elles peuvent également avoir recours à des suppléments alimentaires pour atteindre leur objectif de corps parfait.
- Vous êtes constamment obsédé par votre apparence physique: Si vous passez beaucoup de temps à vous regarder dans le miroir, si vous êtes constamment obsédé par votre apparence physique et que vous ne pouvez pas vous arrêter de penser à votre corps, cela pourrait être un signe avant-coureur de la bigorexie.
- Vous continuez à vous entraîner malgré une blessure: Les personnes atteintes de bigorexie peuvent continuer à courir ou à faire de la musculation malgré une blessure, en utilisant des médicaments pour réduire la douleur. Elles ont souvent peur de prendre du poids ou de perdre leur masse musculaire s'ils ne s'entraînent pas suffisamment.
Comment évaluer la bigorexie en musculation et en course à pied ?
Il existe plusieurs échelles d'évaluation de la bigorexie. Les deux échelles les plus courantes sont celles destinées aux adhérents des salles de musculation et aux coureurs de fond.
Échelle de dépendance à la musculation
L'échelle de dépendance à la musculation évalue la capacité du pratiquant à poursuivre son entraînement malgré une blessure ou une maladie, l'importance que prend l'entraînement dans son style de vie et sa capacité à organiser son emploi du temps en fonction de sa pratique sportive.
- Je m'entraîne même quand je suis malade ou grippé.
- Il m'est arrivé de continuer l'entraînement malgré une blessure.
- Je ne raterais jamais une séance d'entraînement, même si je ne me sens pas en forme.
- Je me sens coupable si je rate une séance d'entraînement.
- Si je rate une séance, j'ai l'impression que ma masse musculaire se réduit.
- Ma famille et/ou mes amis se plaignent du temps que je passe à l'entraînement.
- Le body-building a complètement changé mon style de vie.
- J'organise mes activités professionnelles en fonction de mon entraînement.
- Si je dois choisir entre m'entraîner et travailler, je choisis toujours l'entraînement.
Échelle de dépendance à la course
L'échelle de dépendance à la course, quant à elle, comprend plusieurs critères, comme la fréquence et la régularité de la pratique, la capacité à courir même dans des conditions climatiques difficiles ou encore la possibilité de renoncer à courir pour d'autres activités.
- Je cours très souvent et régulièrement (+ 1)
- Si le temps est froid, trop chaud, s'il y a du vent, je ne cours pas (- 1)
- Je n'annule pas mes activités avec mes amis pour courir (- 1)
- J'ai arrêté de courir pendant au moins une semaine pour des raisons autres que des blessures (- 1)
- Je cours même quand j'ai très mal (+ 1)
- Je n'ai jamais dépensé d'argent pour courir, pour acheter des livres sur la course ou pour m'équiper (- 1)
- Si je trouvais une autre façon de rester en forme physique, je ne courrais pas (- 1)
- Après une course, je me sens mieux (+ 1)
- Je continuerais de courir même si j'étais blessé (- 1)
- Certains jours, même si je n'ai pas le temps, je vais courir (+ 1)
- J'ai besoin de courir au moins une fois par jour (+ 1)
Comment prévenir la bigorexie ?
Prendre des mesures pour prévenir la bigorexie est une sage précaution. Voici quelques conseils pour vous aider :
- Établissez des objectifs réalistes et datés: vous devez vous fixer des objectifs clairs et réalistes en termes de condition physique ou de musculation et de ne pas être obsédé par la perfection. Il faut aussi que vous fixiez une échéance précise marquant la limite datée pour atteindre votre but. Cela vous permettra de vous entraîner de manière saine et d'adopter une alimentation équilibrée.
- Trouvez un équilibre entre l'entraînement et le repos: Le corps a besoin de temps pour récupérer après un entraînement intense. Le surentraînement peut conduire à des blessures et à une diminution de la performance physique.
- Évitez les régimes alimentaires stricts: Les régimes alimentaires stricts, par exemple les programmes de sèche en musculation, peuvent avoir des effets négatifs sur votre santé mentale et physique. Veillez à adopter une alimentation équilibrée et pensez à manger suffisamment pour soutenir votre corps pendant l'entraînement.
- Écoutez les signaux de votre corps: Si vous ressentez de la douleur ou de la fatigue, prenez du temps pour récupérer et méditez ce célèbre proverbe tibétain, "Si tu écoutes ton corps lorsqu'il chuchote, tu n'auras pas à l'entendre crier".
Comment traiter la bigorexie ?
Si vous êtes atteint de bigorexie, vous devez chercher de l'aide professionnelle. Voici quelques options de traitement :
- Thérapie comportementale et cognitive: La thérapie comportementale et cognitive peut vous aider à changer les pensées et les comportements qui contribuent à la bigorexie. Un thérapeute peut vous aider à développer des stratégies pour gérer les pensées et les comportements obsessionnels.
- Thérapie de groupe: La thérapie de groupe serait utile pour vous connecter avec d'autres personnes qui ont des expériences similaires. Cela peut vous aider à vous sentir compris et soutenu pendant votre parcours de guérison.
- Médicaments: Des médicaments sont parfois utilisés pour traiter la dépression ou l'anxiété qui peut accompagner la bigorexie. Parlez-en avec votre médecin de famille pour déterminer si les médicaments sont une option de traitement appropriée dans votre cas.