Syndrome rotulien et tendinite du genou

Auteur : Bruno Chauzi

Le syndrome rotulien ou fémoro-patellaire est une inflammation du cartilage de la rotule lors de son passage sur le fémur. La tendinite rotulienne accompagne souvent le syndrome ; au niveau du genou, ce sont alors les éléments stabilisateurs de la rotule, tendon quadricipital, ailerons rotuliens et tendon rotulien qui sont affectés. Les douleurs sont localisées sous la rotule pour les tendinites rotuliennes, en profondeur au niveau de la rotule pour le syndrome rotulien.

Étirements du quadriceps et travail proprioceptif constituent des exercices préventifs efficaces permettant d'éviter, après 50 ans, une éventuelle arthrose de la rotule. Le port d'une genouillère rotulienne peut s'avérer utile.

Syndrome rotulien fémoro-patellaire rotule

Si le passage de la rotule lors des mouvements de flexion extension de la rotule ne se déroule pas de manière satisfaisante, il va en résulter un déséquilibre qui va d'abord entraîner des douleurs puis éventuellement des dégats cartilagineux. Les douleurs prédominent en avant du genou, gênent dans les escaliers, sur terrain inégal, à la station debout ou assise prolongée. Les 2 genoux sont en général touchés en même temps. Parfois, un épanchement ou des craquements peuvent survenir. Il n'y a pas d'instabilité, par contre une appréhension peut parfois être ressentie.

Population concernée

Ce problème de douleur au genou est très fréquent et concerne 2 types de populations. Les adolescents et les adultes jeunes pour lesquels le pronostic est bon sans traitement chirurgical et les sujets plus mûrs (parfois 45/50 ans, le plus souvent à partir de 60 ans) pour lesquels il faut considérer que ce syndrome fait partie intégrante d'une dégradation globale du genou d'origine inflammatoire ou mécanique avec usure progressive de toutes les surfaces articulaires conduisant à une arthrose de la rotule.

Pour les adolescents et les adultes jeunes la plupart du temps il s'agit d'un déséquilibre entre la musculature antérieure et postérieure de la cuisse. Ce genre de problème survient principalement lors de la croissance. Le fémur en grandissant entraîne dans sa croissance les muscles qui ne vont pas réagir de la même manière.

Progressivement peuvent s'installer des rétractions ou un déséquilibre de force entre les muscles antérieurs de la cuisse, les quadriceps, et les muscles postérieurs, les ischio-jambiers. La rotule, petite pièce osseuse mobile va subir de plein fouet ce déséquilibre à l'origine de douleurs quelquefois très importantes. Dans ce cas le traitement est surtout préventif à base d'étirements, d'exercices de proprioception et de musculation en excentrique.

Les examens nécessaires

Les examens radiologiques ne sont pas systématiques, surtout dans les cas récents. Les radios permettent de voir la forme de la rotule ainsi que sa position mais ne permettent pas de voir le cartilage de la rotule. Dans l'immense majorité des cas, ce n'est pas la peine d'en faire plus. Une radiographie donne déjà beaucoup de renseignement!syndrome fémoro-patellaire ou syndrome rotulien

L'arthrographie et l'arthroscanner ne sont donc pas systématiques. Bien prescrits, ils vont permettent d'analyser les lésions de la surface du cartilage, mais la plupart du temps, le syndrome rotulien ne s'accompagne que d'un oedème du cartilage, sans lésion de surface : on ne prescrit donc bien ces examens qu'en présence d'un cas inhabituel ou résistant au traitement médical, d'autant qu'il s'agit de procédures plus agressives avec injection d'un produit de contraste dans le genou.

L'IRM analyse surtout les ligaments et les ménisques : elle n'a pas d'intérêt dans le syndrome rotulien.

La prévention

Exercices et mouvements à éviter

Il faut éviter les mouvements qui déclenchent les douleurs comme les réceptions de saut, les accroupissement ou les grandes flexions du genou; le squat complet en musculation devra être remplacé par des demis ou des quarts de squat. La nage en brasse et le vélo, surtout si la selle est trop basse, ainsi que la marche en montagne seront aussi remplacés par la marche sur terrain plat; le crawl sera préféré à la brasse pour les nageurs.

Exercices conseillés

1 - Assouplissements du quadriceps, du psoas et des ischio-jambiers

étirement du quadricepsétirement du quadriceps et du psoasétirement des ischio-jambiers

2 - Musculation excentrique du quadriceps

musculation du suadriceps en excentrique
  1. Placer un pied sur le banc
  2. Monter avec la jambe saine
  3. Descendre en freinant avec la jambe à renforcer
  4. Faire 3 séries de 10 descentes

3 - Travail de proprioception : contrôle postural du genou avec un ballon de gym

proprioception avec un ballon de gym pour les muscles de la rotule
  1. S'allonger sur le dos
  2. Placer les 2 talons sur le ballon de gym
  3. Décoller le bassin
  4. Faire 2 séries de 10 maintiens de 6 secondes
exercices préventifs contre le syndrome rotulien

Le traitement médical

Le traitement médical pour soigner cette tendinite du genou comprend des antalgiques, éventuellement des anti-inflammatoires. Dans certains cas très spécifiques, on pourra envisager des infiltrations, voire une visco suplémentation (injection d'une sorte de gel améliorant l'état de surface du cartilage). Enfin encore plus rarement le chirurgien proposera une arthroscopie pour faire le ménage s'il existe par exemple des clapets cartilagineux à l'origine de blocage douloureux.genouillere rotulienne

Dans ce cas relativement simple, la kinésithérapie va reposer sur des étirements et sur un renforcement des groupes musculaires les plus faibles. Il faut éviter durant la kinésithérapie de travailler en dynamique avec des poids par exemple. Le port d'une genouillère rotulienne peut s'avérer utile. Il est indispensable d'effectuer ensuite à la maison des exercices que le kiné vous aura montrés si l'on veut que le résultat se maintienne.

L'évolution est souvent constituée de poussées douloureuses, avec nécessité d'un traitement médical lors de ces périodes. La reprise de séance de kinésithérapie peut alors être utile.

Dans certains cas, il existe une malformation de la rotule et/ou de la gouttière dans laquelle elle glisse sur le fémur. On parle alors de dysplasie. Elle peut être légère mais aussi quelquefois sévère. Le cas le plus simple est représenté par les rotules trop hautes.

La rotule est placée trop haut par rapport à la gouttière fémorale dans laquelle elle glisse (cette zone fémorale s'appelle la trochlée). Quand le genou commence à fléchir, la rotule à des difficultés à s'engager dans la trochlée et peut même quelquefois glisser à coté. C'est la luxation de rotule qui peut devenir un vrai handicap quand elle devient un peu trop habituelle!

Dans ces cas s'associe souvent une trochlée pas tout à fait assez creusée. En général quand le phénomène commence à se répéter un peu trop souvent ou trop facilement, il va falloir intervenir pour stabiliser la rotule. Le chirurgien pratique alors un simple abaissement de la rotule et une retension de certains éléments musculaires. Cette chirurgie est assez lourde (cicatrice, grosse rééducation) et doit être bien réfléchie. Parfaitement exécutée elle donne de bons résultats, mais ici peut être plus qu'ailleurs l'expérience du chirurgien est fondamentale.

A long terme, l'arthrose est exceptionnelle et ne survient que rarement avant 50 ans. Elle est d'ailleurs souvent très bien tolérée.