Le syndrome des loges est une grave pathologie circulatoire surtout localisée à l'avant-bras et au mollet; c'est la manifestation clinique de l'augmentation au-delà des normes, de la pression intra musculaire, à l'intérieur d'une loge. Cette pression anormalement élevée compromet la circulation locale du flux sanguin et la fonction neuromusculaire spécifique à cette loge. Une loge ou compartiment est un groupe de muscles des jambes ou des bras enveloppé d'une paroi ou membrane ostéoaponévrotique peu ou pas extensible . Cette hyperpression pathologique entraîne une réduction de la perfusion capillaire avec les risques de lésions ischémiques variées du contenu de la loge. L'élevation de la pression intracompartimentale va conduire à une situation conflictuelle entre un contenant peu extensible, et un contenu extensible.
Cette situation est due à une augmentation trop grande du volume musculaire par une hypertrophie résultant soit de sollicitations excessives d'un surentraînement intensif ou inadapté, soit d'une réduction de l'espace anatomique réel de la loge.
Le syndrome des loges d'effort ( SLE ) est souvent de diagnostic difficile et par là même d'une relative méconnaissance chez une large majorité de praticiens qui est plutôt peu familière avec le diagnostic et le management de ce syndrome relativement rare dans la pratique de la médecine générale. Le délai d'évolution avant le diagnostic a été mesuré à 24 mois en moyenne. Le SLE siège le plus souvent au niveau des loges de jambe . Les raideurs et fortes douleurs musculaires se situent alors sur le triceps sural. On le retrouve aussi fréquemment au niveau des loges de l'avant-bras, plus rarement au niveau de celles de la cuisse . La mesure des pressions intramusculaires (P.I.M.) tient une place prépondérante dans le diagnostic et surtout dans l'élimination des autres pathologies, l' aponévrotomie est le seul traitement qui permet la reprise des activités physiques et sportives dans de bonnes conditions. Le syndrome des loges d'effort est bilatéral dans 70 à 100 % des cas mais rarement symétrique, l'homme est souvent plus concerné que la femme. Il touche surtout les sujets jeunes et sportifs, le pic de fréquence se situe entre 20 et 30 ans. L'adolescent est plus rarement concerné.
Le syndrome des loges touche tous les sports, mais spécialement les sports d' endurance.
On le rencontre également dans le milieu militaire chez les jeunes recrues ; en outre il peut toucher les professions manuelles et les musiciens pour les membres supérieurs. Tous les niveaux sportifs sont concernés, il s'agit en général de sportifs pratiquants régulièrement et depuis plusieurs années, mais il est parfois retrouvé un facteur déclenchant tel qu'une modification ou une reprise de l'entraînement, un échauffement et des étirements négligés ou inadaptés, un changement de sol ou de chaussures, un régime alimentaire déséquilibré ou enfin une brutale prise de poids.
La douleur est le seul signe d'appel. C'est une douleur d'effort qui se situe en regard de la loge concernée, et n'irradie pas ou peu. Cette douleur touche une ou plusieurs loges musculaires, sous forme de tension, de crampes, de brulures, de compression voire d'étaux. Elle apparait au cours de l'exercice physique toujours dans les mêmes conditions et oblige le sportif à arrêter son activité. A l'arrêt de l'effort, la douleur disparaît le plus souvent en 10 à 15 minutes, rarement après quelques heures. L'évolution longtemps stable se fait lentement vers l'aggravation en plusieurs mois ou souvent années, les douleurs apparaissent pour des efforts de moins en moins importants.
Au repos, l'examen clinique se caractérise par sa normalité ce qui permet d'éliminer d'autres affections. Le seul signe évocateur mais inconstant, serait l'existence dans un tiers des cas d'une ou de plusieurs hernies musculaires en regard des loges douloureuses. Après l'effort déclenchant la douleur habituelle, l'examen permet de constater la dureté douloureuse de la loge concernée, une majoration des hernies musculaires et, rarement, une légère diminution de la force des muscles de la loge concernée.
La mesure des pressions intramusculaires (P.I.M.) est le moyen diagnostique actuel de référence et de certitude de syndrome des loges d'effort. Le point de ponction est centré sur le corps musculaire. Les mesures pour établir ce diagnostic sont réalisées par:
Les 2 techniques sont parfaitement bien tolérées.
Le patient effectue soit une course à pied, soit une marche rapide sur un tapis de course incliné à 15 %, avec une adaptation de la vitesse aux capacités physiques du patient. L'arrêt de l'épreuve intervient à la reproduction des symptômes habituellement ressentis par le patient.
Au repos, les pressions normales d'une loge musculaire varient entre 0 et 10 mmHg. Pendant l'effort, les P.I.M. varient en fonction de l'intensité de la force développée. Certains auteurs définissent une valeur pathologique au-delà de 35 mmHg.
Il n'existe pas de traitement médical des syndromes des loges d'effort, la seule alternative à la chirurgie est la réduction voire l'arrêt des activités sportives. L'aponévrotomie est le traitement de choix pour soulager les douleurs . Elle permet aux patients, dans la majorité des cas, de retrouver leur niveau sportif d'avant. La confirmation du diagnostic par mesure des pressions intramusculaires au cours du test d'effort est indispensable pour poser l'indication chirurgicale. Un certain nombre d'examens complémentaires sont parfois indispensables afin d'éliminer d'autres pathologies : bilan sanguin, bilan radiologique, échographie, écho doppler, scintigraphie, I.R.M., spectrographie infrarouge
Ref : Docteur IDO, CHRU de Lille Centre Hélène Baurel, Raimbeaucourt.
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